Les faits - Depuis une semaine, des affrontements armés se déroulent au sein de l'opposition syrienne entre les radicaux liés à Al-Qaïda et l'Armée libre, soutenue par l'Occident. Une situation qui rappelle les déchirements du camp républicain en Espagne, comme l'attitude de la communauté internationale, partagée entre l'attentisme des uns et l'activisme des autres.
Un pro-Assad assassiné au Liban
Mohammed Darra Jamo, un commentateur défendant le régime de Bachar al Assad dans différents médias arabes, a été assassiné par balles, par des hommes soupçonnés d'appartenir à la rébellion syrienne. L'attentat a eu lieu dans la nuit de mardi à mercredi, devant son domicile dans le sud du Liban. Ce Syrien d'origine kurde était installé au Liban depuis une vingtaine d'année. Sa mort fait suite à des attaques contre le Hezbollah, qui soutient Assad.
George Orwell ne serait pas dépaysé en Syrie ces jours-ci. Engagé dans les rangs républicains, l'écrivain anglais avait assisté, en mai 1937, aux affrontements meurtriers de Barcelone (1) qui opposèrent anarchistes et gauchistes aux communistes - toutes forces en théorie unies contre les nationalistes du général Francisco Franco. La même situation est en train de se reproduire en Syrie où, depuis une semaine, les djihadistes liés à Al-Qaïda combattent l'Armée syrienne libre (ASL) dans les zones «libérées»... Le 11 juillet, Kamel Hamami, l'un des chefs de l'ASL, a été assassiné, alors que d'autres affrontements ont eu lieu le weekend dernier dans le nord du pays. S'ils combattent tous les forces fidèles au président Bachar el-Assad, les djihadistes et la coalition nationale syrienne n'ont pas le même objectif : les premiers veulent instaurer un Etat islamiste sunnite, les autres un régime plus démocratique.
Karl Marx avait donc tort. «Tous les grands événements historiques se répètent pour ainsi dire deux fois», écrivait-il. «La première fois comme tragédie, la seconde fois comme farce». Il péchait par optimisme, car il arrive que la seconde soit tout aussi tragique que la première. La Syrie en fournit un parfait exemple, si on la compare, comme le font de plus en plus de commentateurs américains, à la guerre d'Espagne (1936-39). Comparaison n'est sans doute pas raison, mais ces deux conflits ne manquent pas de traits communs : un soulèvement qui échoue, plongeant un pays déjà profondément divisé dans la guerre civile ; l'un des deux camps qui finit par se déchirer jusqu'à s'affronter les armes à la main, et, surtout, une implication internationale extrêmement inégale, où la non-intervention des uns répond à l'engagement militaire des autres.
1) Un soulèvement échoue. En juillet 1936, ce n'est pas le coup d'Etat militaire contre la République espagnole qui plonge le pays dans la guerre civile, mais son échec. De nombreuses régions, des pans entiers de l'armée et de l'appareil d'Etat refusent le fait accompli du général Franco. Le pays s'enfonce dans 35 mois de conflit, provoquant la mort de plusieurs centaines de milliers de personnes. En Syrie, l'échec du soulèvement démocratique et pacifique en mars 2011, version locale du printemps arabe, précipite le pays dans la guerre. La volonté délibérée du pouvoir de jouer la politique du pire et l'incapacité de l'opposition à s'unir expliquent cet emballement. Résultat : la guerre fait rage depuis 28 mois et l'on compte déjà près de 100.000 morts, alors que rien ne laisse espérer une issue.
2) Un pays éclate. L'Espagne des années 30 était un pays très polarisé, dans laquelle les modérés de chaque camp étaient pris en otage par les plus radicaux. Aux divisions politiques, s'ajoutaient des haines religieuses, entre cléricaux et anticléricaux, de forts particularismes régionaux (Basques, Catalans, etc) et un contexte de violence sociale. Tous les ingrédients de l'explosion étaient là, comme ils l'étaient en Syrie, mosaïque de communautés ethnico-religieuses à l'équilibre instable, où chacun a peur de l'autre. Rien à voir avec la Tunisie, très homogène culturellement, ou avec cette vieille nation dotée d'une tradition étatique ancestrale qu'est l'Egypte. La Syrie ressemble plus à l'Irak, au Liban ou à l'Afghanistan. Ce n'était pas forcément bon signe. Au delà de l'affrontement majeur entre deux camps, des divergences profondes existent à l'intérieur de chacun d'entre eux. On les avait vues à l'oeuvre chez les républicains espagnols, on les voit désormais dans l'opposition syrienne. En face, Franco comme Assad tiennent les leurs d'une main de fer.
3) Le monde se divise. L'Italie de Mussolini et l'Allemagne de Hitler volèrent très tôt au secours de Franco, non seulement en l'armant mais en lui fournissant des troupes, comme la Légion Condor de la Luftwaffe. En Syrie, l'Iran et ses alliés chiites libanais du Hezbollah font de même, alors que la Russie fournit des armes et un soutien diplomatique en bloquant les condamnations à l'ONU.
En face, même parallèle : les Républicains furent également massivement soutenus par l'Union soviétique et l'Internationale communiste, comme l'opposition syrienne l'est aujourd'hui par le Qatar, l'Arabie saoudite et les mouvements islamistes. Aux Brigades internationales d'alors correspondent les combattants musulmans du monde entier qui vont faire le djihad contre le régime impie d'Assad. Reste l'attitude timorée des Occidentaux. Au refus d'intervenir de la Grande-Bretagne contre Franco répond celui d'Obama d'engager sérieusement les Etats-Unis dans le bourbier syrien. Quant à l'attitude de la France, celle de François Hollande ressemble à celle de Léon Blum : on aimerait bien faire quelque chose pour soutenir nos amis, mais sans aller trop loin, pour ne pas jouer cavalier seul, sans notre grand allié, Londres hier, Washington aujourd'hui. Ce n'est pas non plus forcément rassurant sur l'issue de la guerre.
(1) Lire son «Hommage à la Catalogne», en poche 10/18.
Mali : Le chef de Serval ne parle pas de victoire mais d’une “dynamique de succès militaires répétés”
Le général Grégoire de Saint-Quentin va bientôt prendre les rênes du Commmandement des opérations spéciales (COS), après avoir dirigé l’opération Serval. Mais avant de rejoindre sa nouvelle affectation, l’officier a donné des précisions concernant la situation au Mali lors d’un entretien accordé au Journal du Dimanche, alors que des tensions persistent à Kidal, bastion de la rébellion touareg, à quelques jours du premier tour de l’élection présidentielle malienne.
Ainsi, 4 agents électoraux et un élu ont été enlevés, le 20 juillet, par des hommes armés à Tessalit, dans la région de Kidal, ville où la veille, des violences entre Touareg et des jeunes de la communauté Songhaï ont fait 4 tués et plusieurs blessés.
Aussi, et même si les groupes jihadistes qui avaient pris le contrôle du Nord-Mali en 2012 en ont été chassés par les forces françaises engagées dans l’opération Serval et les troupes tchadiennes, le général de Saint-Quentin refuse de crier victoire.
“Nous visons un objectif ultime, qui est la stabilisation du pays. Le Mali est-il aujourd’hui complètement stabilisé? La réponse est non. Nous ne pouvons pas parler de victoire militaire au sens où vous évoqueriez celle de 1945 sur l’Allemagne”, a-t-il affirmé. Cependant, il conviendrait plutôt de parler, pour le futur patron des forces spéciales, de “dynamique de succès militaires répétés” que “beaucoup, a-t-il ajouté, auraient estimés inespérés il y a six mois.”
Et cette “dynamique de succès” contre un ennemi ayant une “extrême faculté à se fondre” dans le désert ainsi qu’une facilité à “y vivre et s’y déplacer” a permis de démanteler ce que le général de Saint-Quentin appelle une “industrie du terrorisme”.
“Nous avons avons ciblé en priorité les sanctuaires des terroristes” et “nous y avons trouvé toute une organisation, avec des stocks de carburant et de munitions considérables, des ateliers de réparation automobile, de fabrication d’engins explosifs, de vestes pour kamikazes et une grande quantité d’information sur leurs activités et leurs projets”, a-t-il expliqué.
“La mission de Serval, de la Minusma (Mission multidimensionnelle intégrée des Nations Unies pour la Stabilisation au Mali, ndlr) et des forces de défense et de sécurité maliennes consiste à empêcher la renaissance de cette industrie du terrorisme. S’ils veulent se reconstituer un sanctuaire, nos adversaires devront faire plus qu’errer dans le désert”, a-t-il estimé.
Quant à savoir si le calendrier de retrait des forces françaises sera respecté, le général de Saint-Quentin a rappelé qu’il avait “été fixé par le président de la République”, soit 3.200 hommes durant la période électorale, puis une réduction progressive et coordonnée à partir de la rentrée pour finalement atteindre environ 1.000 hommes en fin d’année” qui appuieront la MINUSMA. “Un arrangement technique vient d’être signé avec l’ONU. Notre liberté d’action reste entière puisque nos troupes resteront sous mandat français”, a-t-il indiqué.
Un TELD du CPA20 breveté en Grande-Bretagne
Jean-Marc Tanguy
Il est très sélectif (44% de succès seulement sur la dernière session) : le "sniper course" du RAF Regiment
qui s'est achevé vendredi a vu pour la première fois la qualification d'un Français.
Il s'agit d'un caporal-chef, tireur d'élite longue distance (TELD) au CPA 20 qui il est vrai avait pu effectuer quelques exercices pratiques auparavant. Il avait effectivement enquillé ce stage qualifiant fin avril, au retour de son engagement au Mali, où il était déployé depuis début janvier, au sein d'une équipe de ciblage.
Outre son niveau de tir, ce caporal-chef avait été choisi du fait de son très bon niveau en anglais.
Le CPA 20 et le 2 Squadron du RAF Regiment sont jumelés depuis 2011. L'ancien chef ops du CPA 20 est d'ailleurs en échange au RAF Regiment, avec lequel il s'est déployé au Mali, le 14 janvier.
Le Pentagone va recruter 4000 cyber-spécialistes
Un article de Quentin Michaud
L’US Cyber Command et la NSA vont lancer un nouveau plan de recrutement.
C’est au cours d’un forum sur la sécurité que le secrétaire d’Etat adjoint à la Défense Ashton Carter a déclaré que le Department of Defense compte recruter 4000 nouveaux spécialistes informatiques pour soutenir l’action des Etats-Unis dans leurs cyber-opérations à la fois défensives et offensives.
Le n°2 du DoD a commenté que ce plan devait entrer en vigueur rapidement, sans définir de calendrier précis. Il a souligné que « le Pentagone est prêt à dépenser en toute intelligence tout le budget nécessaire à l’accomplissement de ce type de missions », malgré la période de contrainte budgétaire subie. Un signal fort envoyé en pleine affaire Snowden où les plus naïfs croient que les Etats amis ne s’espionnent pas entre eux (Lire notre article « Ce que m’ont dit les agents de la NSA »).
Les nouvelles recrues seront affectés au sein de l’US Cyber Command et de la NSA, agence spécialisée dans les cyber-actions clandestines à travers le monde entier. Au total, 40 cyber-équipes devront être ainsi créées dont 13 dédiées à la mise au point de nouveaux outils et 27 à la défense des structures informatiques américaines.