Le nouveau CEMA

le général d'armée Pierre de Villiers a été nommé ce matin en conseil des ministres chef d'état-major des armées. Il succédera à l'amiral Guillaud le 15 fevrier. Le général de Villiers est nommé à ce poste jusqu'au 31 juillet 2017.

Le général Gratien Maire, un aviateur, succèdera à Pierre de Villiers au poste de major général des armées, le numéro deux de l'Ema. Il est actuellement sous-chef relations internationales.

Ces deux nominations concernent des proches de l'amiral Guillaud qui a donc été très influent sur sa succession.

Un nouveau tandem

Le conseil des ministres scelle un nouveau tandem à la tête de l'état-major : le général Pierre de Villiers
prendra CEMA à compter du 15 février, tandis que le général Gratien Maire, un aviateur, lui succède comme major général de l'EMA. Le nouveau CEMA pourrait tenir ce poste jusqu'au 31 juillet 2017.

Un cavalier. Il a servi au 2e régiment de Dragons, puis à l'EED7, avant de commander le 501-503e RCC. Il a servi avec la KFOR, puis l'ISAF, alors qu'il commandait la 2e brigade blindée. Il est alors en charge du RC-C (Kaboul et disctrict de Surobi) de décembre 2007 à avril 2008, puis dirige le cabinet du Premier Ministre avant d'être appelé à l'EMA comme major en mars 2010.

Un Terrien... qui succède à un marin, l'amiral Edouard Guillaud, dont on dit qu'il était le candidat naturel. Mais un terrien cavalier, là où le poste était naturellement réservé, depuis des années, à un fantassin, et souvent, un marsouin. L'armée de l'air, elle, obtient le poste de major. Le dernier CEMA aviateur fut le général Jean-Philippe Douin. C'était il y a 20 ans.

Pierre de Villiers, 57 ans, était le major général des armées depuis trois ans. | AFP/FARZANA WAHIDY

L'armée française change de tête. Atteint par la limite d'âge, l'amiral Edouard Guillaud cède sa place de chef d'état-major des armées à son numéro deux, un « terrien », le général Pierre de Villiers, 57 ans. Ce cavalier, qui a commandé le régiment de chars de combat de Mourmelon, était le major général des armées depuis trois ans.

La décision a été inscrite à l'ordre du jour du conseil des ministres de mercredi 15 janvier. L'amiral Guillaud doit pour sa part poursuivre sa carrière à la tête de l'ODAS, la société chargée des ventes d'armement entre la France et l'Arabie saoudite, où il remplacera un autre amiral.

La continuité est donc de mise, du moins dans l'affichage. Le président de la République — qui est le chef des armées selon la Constitution — a fait un choix de compétence, disent les spécialistes de la défense. Le général de Villiers, né en Vendée comme son frère cadet, l'homme politique souverainiste Philippe de Villiers, est un planificateur et un analyste des moyens : il a accompagné toute la préparation de la loi de programmation militaire 2014-2019 auprès du chef d'état-major et saura répondre au pouvoir politique au moment où les trois armées encaissent les chocs des réductions d'effectif. François Hollande avait déjà choisi de maintenir l'amiral Guillaud, qui venait de l'Elysée et avait été nommé par Nicolas Sarkozy.

DROITE CATHOLIQUE TRADITIONNELLE

Ancien chef de cabinet militaire du premier ministre François Fillon, le général de Villiers avait été donné gagnant pour le poste de chef d'état-major particulier du président de la République en mars 2010. Il s'était vu in extremis souffler la place par le général Benoit Puga, un légionnaire au profil très opérationnel, à qui M. Sarkozy avait trouvé l'avantage d'avoir été successivement le patron des opérations spéciales et du renseignement militaire.

Les deux plus hauts gradés français choisis par François Hollande sont aujourd'hui des figures assez similaires d'officiers généraux de l'armée de terre, dont la culture familiale est celle de la droite catholique traditionnelle. Le père du général Puga, Hubert Puga, avait engagé son régiment de chars, le 27e Dragons, dans le pustch d'Alger de 1961, et avait ensuite rejoint l'OAS. Le général de Villiers est lui aussi fils d'officier ; Jacques de Villiers, médaillé de la Résistance, a été incarcéré après la guerre d'Algérie pour son implication dans les activités de l'OAS dans l'ouest de la France.

GUILLAUD QUITTE UNE INSTITUTION « FRAGILISÉE »

« Ce sont des officiers généraux très compétents à n'en pas douter. Mais les équilibres choisis par Hollande ont un côté “Mitterrand et l'OAS” », commente un expert de la défense classé à gauche. « On peut caricaturer en disant que l'on a les francs-maçons au cabinet du ministre et les cathos dans la haute hiérarchie militaire. »

L'amiral Guillaud quitte une institution qu'il a lui-même décrite comme « fragilisée » par le trop-plein des réformes engagées depuis 2009. Il se voit accorder d'avoir bien préparé les dernières opérations militaires françaises, Libye, retrait d'Afghanistan, Mali. Mais si les politiques saluent sa souplesse, les militaires l'accusent de faiblesse… pour avoir accepté de trop grandes réductions de moyens et d'effectifs (suppression de quatre-vingt mille emplois prévue entre 2009 et 2019).

En outre, les prérogatives du chef d'état-major des armées viennent, au nom d'une meilleure performance du ministère de la défense, d'être rognées au profit des grands adjoints civils du ministre – le secrétaire général pour l'administration, le délégué général pour l'armement et le directeur aux affaires stratégiques. Son successeur arrive à l'heure de la mise en œuvre de ces réformes difficiles.

(Origine info : Le monde du 15-01-2014)

Retrouvez ici le portrait de l’amiral Guillaud publié en janvier 2010