Synthèse de presse : " INFOS MILITAIRES" origine ANRAT

La Force de sécurité du Kosovo déclarée “pleinement opérationnelle”

En avril dernier, la Serbie et le Kosovo ont fini par trouver un accord visant à normaliser leurs relations. Et cela sous l’égide de l’Union européenne, et en particulier grâce à l’implication de Catherine Ashton, qui occupe les fonctions de Haut représentant de l’Union pour les affaires étrangères et la politique de sécurité.

Et, en juin, Belgrade et Pristina ont échangé des officiers de liaison, conformément au plan paraphé par les deux parties quelques semaines plus tôt, afin de “de faciliter la communication et la mise en oeuvre de ce qui a été convenu à Bruxelles.”

Pour autant, cela n’a pas mis un terme aux tensions entre les différentes communautés du Kosovo. Les Serbes du Nord ont ainsi créé leur propre Parlement. “Nous ne pouvons pas accepter que le prix d’entrée à l’UE de la Serbie soit la perte du territoire et l’intégration forcée dans les institutions d’un État non reconnu”, a expliqué Slavko Stevanovic, un de leurs responsables, le 5 juillet.

A Pristina, le 27 juin, des albanophones, appartenant au “Mouvement Autodétermination”, troisième force politique du pays et dont le cheval de bataille est l’unification du Kosovo avec l’Albanie, ont tenté d’empêcher la ratification de cet accord de normalisation par le Parlement. Sans succès, malgré les heurs qu’ils ont provoqués (68 personnes interpellées, 17 policiers blessés).

En outre, et plus récemment, un nouvel incident à la frontière séparant le Kosovo et la Serbie a eu lieu le 7 juillet. “Nous supposons que l’échange de tirs s’est produit entre plusieurs personnes (du Kosovo) qui sont parties couper du bois et des personnes de la partie serbe. Six Albanais du Kosovo ont été blessés dont un grièvement”, a fait savoir la police kosovare, par voie de communiqué.

Les tensions persistent donc et c’est dans ce contexte que l’Otan a déclaré, le 9 juillet, “pleinement opérationnelle” la Force de sécurité du Kosovo (KSF), dont la mission sera d’intervenir dans les situation d’urgence. Avec 2.500 membres (et 800 réservistes), elle a été mise en place pour succèder à la Force de protection kosovare, alors essentiellement composée d’anciens guérilleros de l’Armée de Libération du Kosovo (UCK).

“Le Conseil de l’Atlantique nord a déclaré que “la KSF avait atteint sa pleine capacité opérationnelle et qu’elle était pleinement capable de réaliser les tâches assignées par son mandat, selon des standards définis par l’Otan”, a indiqué Anders Fogh Rasmussen, le secrétaire général de l’Alliance. “Je félicite tous les membres de la KSF pour l’accomplissement de cette étape”, a-t-il ajouté.

Jusqu’à présent, la KFOR, la force de l’Otan déployée au Kosovo depuis 1999, avait l’autorité exclusive sur la KSF. Ce qui n’est donc plus le cas maintenant.

L’armée française est toujours présente au Kosovo, avec 320 militaires engagés dans l’opération Trident (nom de la participation française à la KFOR, qui compte 5.000 hommes), avec une unité de manoeuvre, fournie par un régiment de l’arme blindée cavalerie, et un élément de soutien national.

Le 3 juillet, le 4e escadron du 1er Régiment de Chasseurs (1er RCh) de Verdun a ainsi été relevé par l’escadron  d’éclairage et d’investigation (EEI) de la 7e Brigade Blindée.

Au cours de 4 mois de présence au Kosovo, les hommes du 4e escadron du 1er RCh ont effectué 150 patrouilles, dont une dizaine menées conjointement avec les forces serbes le long de la frontière ainsi que 40 surveillances de chekpoint.

Environ 50 militaires belges pour armer la force de protection de l’EUTM Mali

Il n’y a pas que des instructeurs militaires qui sont affectés à la mission de l’Union européenne visant à former les soldats maliens (EUTM). La protection de cette dernière est assurée par une force dédiée, à laquelle vont participer une cinquantaine de militaires belges.

Ces derniers ont quitté leur pays, ce 10 juillet, pour rejoindre Koulikoro, le camp où l’EUTM Mali a établi ses quartiers. Pour la plupart, ils sont issus du bataillon Libération/5e de Ligne, une unité implantés à Bourg-Léopold (Limbourg). Leurs véhicules blindés ont été acheminés par bateau à Dakar, d’où ils seront transportés vers Bamako.

Ces militaires belges seront intégrés à une compagnie espagnole. Leur tâche sera donc d’escorter les instructeurs de la mission européenne et de protéger les convois routiers entre Koulikoro et Bamako. Ils resteront au Mali pendant 6 mois, avant d’être relevés par leurs camarades du bataillon 12ème de Ligne Prince Léopold/13ème  de Ligne de Spa.

Ce déploiement de militaires belges, qui va donc durer pendant au moins un an, est la contrepartie du retrait des deux hélicoptères AW-109 Medevac, qui avaient d’abord été mis à la disposition des forces françaises engagées dans l’opération Serval, puis à l’EUTM Mali. Désormais, ces appareils ont été remplacés par ceux appartenant à une entreprise privée, en l’occurrence Starlite Aviation.

Chef des opérations de l’armée belge, le lieutenant-général Marc Compernol a donné quelques précisions au sujet de l’engagement de ces deux AW-109, qui sont revenus au Mali grâce à un avion cargo Iliouchine Il-76. Ainsi, ces hélicoptères ont effectué 53 heures de vol et 6 évacuations médicales pendant le temps où ils étaient engagés en soutien de l’opération Serval (soit de fin janvier à fin mars). Puis, pour le compte de l’EUTM Mali, ils ont réalisté 170 heures de vols et 3 transports médicaux.

Le coup de chapeau d’un militaire américain à ses homologues français

Travailler en coalition peut avoir deux conséquences : démentir les idées reçues que l’on peut avoir sur ses alliés ou bien les confirmer. Dans le cas de Chris Hernandez, un ancien soldat du corps des Marines, aujourd’hui membre de la Garde nationale du Texas et contributeur du milblog Breach Bang Clear, c’est clairement la première option qui prévaut.

Avant de partir en Afghanistan, en 2009, et plus particulièrement dans la province de Kapisa, Chris Hernandez avait des tas de préjugés sur les militaires français avec lesquels il allait travailler pendant quelques mois, en l’occurrence ceux du 27e Bataillon de Chasseurs Alpins (BCA).

Il serait intéressant, d’ailleurs, de connaître les raisons qui font que le militaire français a mauvaise presse outre-Atlantique. Certes, le “french bashing” a été à la mode en 2003, lors de l’affaire irakienne. Que l’on se souvienne des expressions traitant les Français de “Cheese-eating surrender monkeys” (singes capitulards bouffeurs de fromage), de “poules mouillées”, de “dégonflés”.

Parmi d’autres idées reçues, l’on trouve celle-ci : “La France est un pays qui préfére se rendre plutôt que combattre.” Et l’on passe sur une certaine propension à mettre en avant les défaites militaires françaises, comme si Bouvines n’avait pas réussi à effacer Crécy, comme si Austerlitz, Valmy ou encore Friedland et Iéna de valaient pas tripette face à Waterloo, comme si la conduite magnifique des légionnaires à Camerone (Mexique) était oubliée, comme si l’armée française n’avait pas donné la preuve de sa vaillance et de son courage lors de la Grande Guerre.

Sans doute que ces jugements superficiels, partagés par un certain nombre d’Américains, viennent de la débâcle de mai-juin 1940… au cours de laquelle, pourtant, et contrairement à ce qui est dit généralement, les soldats français se sont vaillamment battus, comme par exemple à Tannay, le 23 mai 1940, ou 47 cavaliers du 93e GRDI se lancèrent, baïonnette au canon, dans une contre-attaque face à des forces allemandes largement supérieures en nombre?

L’on pourrait continuer à donner des aguments à n’en plus finir… Mais finalement, rien ne vaut l’expérience vécue, aux côtés des autres au sujet desquels l’on nourrit des a prioris, pour changer sa vision des choses. C’est donc ce qui est arrivé à Chris Hernandez, qui ne supporte désormais plus ce “french bashing” chez ses compatriotes.

Son témoignage, signalé sur la page Facebook du blog Mars Attaque, est intéressant dans la mesure où il vient de la “base”. “Quels que soient les Français ou la politique de leur gouvernement, leurs soldats sont courageux, bien formés, dans une forme fantastique et agressif” commence par écrire Chris Hernandez, qui n’en a pas dit autant au sujet d’autres contingent alliés (les Italiens et les Allemands en prennent pour leur grade, soit dit en passant) . “Décrire ces hommes comme des lâches est absolument injuste”, insiste-t-il.

“Je suis arrivé en Afghanistan six mois après cette embuscade (ndlr, Uzbeen). Au cours des neuf mois suivants, j’ai participé à de nombreuses patrouilles et missions avec les troupes de montagne et de marine françaises (ndlr, 27e BCA et 3e RIMa). J’ai appris à parler assez bien le français et j’étais capable de relayer l’information entre les réseaux de radio américaines et françaises. Parfois, j’étais le seul Américain à prendre part à des missions françaises. Mes inquiétudes au sujet de travailler avec eux étaient totalement infondées, et depuis lors, je suis en colère quand j’entends que “les Français sont des lâches”, explique-t-il.

Et de livrer ensuite plein d’anecdotes pour illustrer son propos. Certaines sont savoureuses. Comme celles au sujet des différences d’attitudes au sein des armées françaises et américaines. Pour Chris Hernandez, les soldats français peuvent être sérieux en opération et être “détendus” le reste du temps. Ce qui ne semble pas être le cas chez leurs homologues américains, et en particulier au sein du commandement.

Ce qui a frappé l’ancien marine est que les militaires français sont capables de choses que d’autres n’oseraient même pas faire. Comme par exemple avec les AMX-10RC, un “multiplicateur de force” dans la contre-insurrection.

Ayant été réveillé, une nuit, par une forte explosion, quelle ne fut pas la surprise pour Chris Hernandez de voir, à l’aube, un AMX-10RC “à mi-hauteur d’une montagne derrière l’avant-poste.” Et d’ajouter :  “Un équipage de char courageux et / ou stupide avait roulé sur un sentier étroit dans l’obscurité pour frapper les taliban. Je n’aurais pas eu envie d’être à la place du pilote, qui avait eu à négocier cette piste (…) sachant qu’en cas d’erreur, son équipage roulait au bas de la montagne.” Aussi, pour l’ancien soldat américain, “conduire un char sur une montagne dans l’obscurité n’est pas quelque chose que font les lâches.”

Un autre anecdote encore. Des éclaireurs américains s’inquiétaient de la capacité des chasseurs alpins à les suivre en montagne. Finalement, ce sont les soldats français qui les ont aidés à arriver au sommet, étant donné qu’ils étaient “déjà à la traîne dans les premieres centaines de mètres.”

“Je demande aux ‘guerriers’ américains de reconsidérer les opinions négatives qu’ils pourraient avoir sur les troupes françaises”, conclut Chris Hernandez. “Les Français sont allé à la guerre en Afghanistan et ils y ont perdu une centaine d’hommes (ndlr, 88 en réalité), pas parce qu’ils ont été attaqués. Ils se sont battus pour nous, parce que nous avions été attaqués. Et ils se sont accrochés pendant des années jusqu’à ce qu’ils subissent de graves pertes par des incidents ‘green on blue’ (ndlr, tirs de soldats afghans sur des membres de la coalition). Je ne les blâme pas pour avoir refusé de soutenir une nation dont les troupes les tirent dessus”, a-t-il plaidé.

Et d’ajouter : “Aujourd’hui, les Français se battent contre notre ennemi terroriste commun en Afrique, en subissant des pertes (…). Ils méritent des éloges et le respect pour ce qu’ils ont fait en Afghanistan et pour ce qu’ils continuent de faire aujourd’hui.”

“Laissons tomber les mauvaises blagues et tâchons de leur montrer le respect qu’ils ont gagné”, a-t-il insisté.

La Russie dit avoir des preuves de l’utilisation d’armes chimiques par des rebelles syriens

Au fur et à mesure des analyses, il apparaît désormais certain que des armes chimiques ont bel et bien été utilisées en Syrie, en proie à une guerre civile depuis mars 2011. En revanche, savoir avec certitude qui les as utilisées s’avère plus compliqué à établir.

En juin dernier, le ministre français des Affaires étrangères, Laurent Fabius, avait accusé le régime de Bachar el-Assad d’avoir fait usage de gaz sarin, en particulier lors d’une attaque d’hélicoptères appartenant à l’armée régulière syrienne dans le secteur de la localité de Saraqeb.

Trois semaines plus tard, l’on apprenait que le Royaume-Uni et les Etats-Unis avaient donné aux Nations unies une liste de 10 sites où des attaques menées par les forces syriennes avec des armes chimiques auraient eu lieu.

Auparavant, la presse turque avait fait part de l’arrestation, à Adana, dans le sud de la Turquie, de 12 membres présumés du Front al-Nosra, un groupe rebelle syrien ayant fait allégeance à al-Qaïda. La police, affirmèrent plusieurs journaux, trouva à cette occasion des armes ainsi que du gaz sarin, un puissant neurotoxique.

Etant donné que le conflit en Syrie fait l’objet de tentatives de manipulations, et cela de part et d’autre, il est difficile de faire la part des choses. Quoi qu’il en soit, la Russie, soutien de Bachar el-Assad, a affirmé, le 9 juillet, détenir les preuves de l’utilisation d’armes chimiques – du gaz sarin – par les rebelles syriens.

L’ambassadeur russe auprès des Nations unies, Vitali Tchourkine, a précisé que des analyses avaient été faites en Russie sur des échantillons prélevés à Khan al-Assal, près d’Alep. Un dossier de 80 pages décrivant les preuves recueillies a été transmis à Ban Ki-moon, le secrétaire général de l’organisation et le sera également aux Etats-Unis, à la France et au Royaume-Uni.

Le diplomate russe a été précis dans ses accusations. “Les rebelles syriens ont utilisé un projectile non guidé de type Bachar 3, et les échantillons recueillis après l’attaque sur le site de Khan al-Assal par des experts russes ont été analysés par un laboratoire russe compétent en matière d’armes chimiques. Les résultats indiquent clairement que le projectile était rempli de gaz sarin, un puissant neurotoxique”, a-t-il affirmé. “Ce tir sur Khan al-Assal, localité qui était tenue par l’armée syrienne, a tué 26 personnes dont 16 soldats syriens, a-t-il ajouté.

“Le projectile et son contenu étaient récents mais pas de fabrication industrielle”, a encore fait valoir M. Tchourkine, qui n’a cependant pas précisé le moyen utilisé par les rebelles pour se procurer du gaz sarin. Toutefois, il a indiqué que la Brigade Bachar al-Nasser, liée à l’Armée syrienne libre (ASL). “Il y a toutes les raisons de croire que ce sont des combattants de l’opposition armée qui ont utilisé des armes chimiques à Khan al-Assal”, a-t-il insisté.

Sauf que ce n’est pas l’avis de l’administration Obama, qui a réagi avant que les éléments russes ne lui soient communiqués. “Nous n’avons encore vu aucune preuve qui appuie cette affirmation selon laquelle quiconque, outre le gouvernement syrien, a la capacité d’utiliser des armes chimiques ou utilise des armes chimiques”, a déclaré Jay Carney, le porte-parole de la Maison Blanche, en réponse à l’ambassadeur Tchourkine.

Un drone US s'est crashé le 9 avril dans le nord du Mali selon le NYT

Philippe Chapleau

Un des drones US basés à Niamey  (probablement un Reaper) a été perdu lors d'une mission dans le nord du Mali, le 9 avril. Le drone effectuait une mission au profit des forces de l'ops Serval.

L'extrait:
"The American missions have not been without incident. On April 9, one of the drones crashed in a remote part of northern Mali, presumably because of a mechanical failure. “It was a total loss,” one Air Force officer said of the wreckage."

Irrécupérable, le Reaper. Le NYT ne dit pas si l'engin a été remplacé.

Casse départ pour la frégate De Grasse. Et la Jeanne? Et le Colbert?

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Philippe Chapleau

Sébastien Panou, l'un de mes confrères brestois, a publié un article sur la déconstruction de la frégate De Grasse (voir ci-dessus et cliquer sur la photo pour l'agrandir), suivi d'une interview avec Hubert Jouot, vice-amiral en charge des déconstructions à la Marine nationale.

Que fait la Marine de ses vieux bâtiments ?
Jusqu’aux années 2000, nous procédions par immersion. C’était simple. On dépolluait le bateau pour qu’il y ait un minimum d’impact sur l’environnement. Cela faisait des exercices de tir. Les règles se sont durcies. Et la Marine a compris que c’était une erreur d’immerger de l’acier qui pouvait être recyclé. Nous avions alors 100 000 t à résorber. 30 000 t sont déjà déconstruites et plus de 80 000 t sont en déconstruction ou en négociation. Le premier bâtiment dans ce processus fut le Clemenceau (NDLR déconstruit en 2009 à Hartlepool, en Angleterre, par le chantier Able UK).
Avec toutes les polémiques. Son désamiantage remis en doute, son aller-retour vers l’Inde, ses trois ans de stationnement à Brest…
Oui, mais si on ne compte que le marché passé avec le chantier anglais, c’est finalement un de ceux qui nous a coûté le moins cher : environ 5 millions d’euros. Surtout, nous avons bâti un processus juridiquement solide. Il fait référence. Lors du désarmement, on prépare à la déconstruction. Puis un inventaire précis des matières potentiellement dangereuses est dressé : déchets amiantés, PCB, métaux lourds… C’est ce qui permettra l’obtention du « passeport vert ».
Quel contrat passez-vous avec les déconstructeurs ?
Nous achetons des prestations de dépollution et déconstruction. Elles sont liées, car pour retirer tous les polluants, il faut partiellement déconstruire. On reste propriétaire de la coque, ce qui nous laisse le moyen de contrôler que les exigences sont respectées. Ensuite, l’industriel revend les métaux pour notre compte, avec une clause d’intéressement. Chaque déconstruction est un nouveau problème. Les critères sur lesquels aucune impasse ne peut être faite sont la protection de l’environnement, la sécurité des personnes, la traçabilité des déchets. La satisfaction financière ne vient qu’en 2e rideau. Le chantier doit être réalisé en Europe, en respect de la Convention de Bâle et de la réglementation européenne sur l’exportation des déchets.
Où en est-on pour la Jeanne d’Arc et le Colbert ?
Le symbole de la Jeanne déconstruite en Angleterre ferait un peu jaser. Qu’en dites-vous ? Des candidats sont retenus pour ce lot de 19 000 t. Les négociations sont en cours. Le lauréat sera retenu plutôt en 2014. On ne notifiera en France que si le chantier a une ICPE (NDLR : site industriel reconnu Installation classée pour la protection de l’environnement). Pour l’instant il n’y a que Le Havre, la Seyne-sur- Mer et Bordeaux-Bassens qui en ont une. Je n’aurais aucun état d’âme à ce que la Jeanne aille en Angleterre si c’est le meilleur dossier. Ce n’est plus la Jeanne. L’équipage n’est plus à bord. C’est une coque, Q860. L’esprit Jeanne d’Arc n’y est plus. Notre mission, c’est de faire partir les coques.
Pourquoi ne pas déconstruire à l’intérieur des bases navales, avec des entreprises locales ?
Les bases sont destinées au soutien des bâtiments et des équipages. De telles activités de longue durée pourraient être gênantes. Et l’obligation d’avoir une ICPE pourrait poser problème.

L’homme des casernes va devoir évoluer

Philippe Chapleau

La suppression de 54 000 postes, c’était une réforme. 24 000 de plus, ça pourrait être une révolution. Au cabinet du ministre de la Défense, Jean-Yves Le Drian, on préfère parler d’"évolutions" et de "rapide mise en œuvre de changements". Et ainsi déminer un terrain socialement délicat.

On connaîtra le détail de la LPM d’ici au 2 août, date du dernier conseil des ministres avant la trêve estivale. Mais Jean-Yves Le Drian a déjà pris des décisions suite à une année de travaux sur cinq chantiers : la gestion des ressources humaines, l’organisation de la chaîne financière, l’organisation des soutiens via les bases de défense (dont le nombre pourrait marginalement décroître), les relations internationales et la fonction communication.

Objectifs : "recentrage sur le cœur de métier", "suppression des doublons", "amélioration de la qualité des services". Et plus prosaïquement suppression de 16 000 postes (les 8 000 autres le seront dans les unités opérationnelles). Traduction pratique: 20 % des postes en moins dans les soutiens (avec suppression des états-majors de soutien défense par exemple), 10 % à 20 % des postes supprimés dans les RH, 100 postes grignotés dans les relations internationales, un tiers des postes de communicants sacrifié… Il faut tailler dans les effectifs et réduire la masse salariale, le fameux titre II qui, en 2012, a augmenté de 2,8 % alors que les effectifs du ministère baissaient de 2,3 % !

Deux autres chantiers sont toujours en cours : le maintien en condition opérationnelle (MCO) et le haut commandement militaire. Du côté du MCO, l’équation est simple : le budget actuel de 6,2 milliards d’euros (20 % des crédits du ministère) va exploser, que l’on donne la priorité au matériel ancien de plus en plus cher à maintenir en vie, ou que l’on favorise les matériels récents, encore plus gourmands en maintenance de très haut niveau technologique. "La reprise en main est impérative", quitte à demander aux prestataires de baisser "sensiblement" leurs marges.

Le sort du haut commandement n’est pas réglé. Le rééquilibrage entre le politique et l’état-major des armées a donné lieu à quelques grincements de dents ; d’autres sont à venir puisque la question du dé-pyramidage est posée. Le taux d’encadrement est passé de 14,8 % en 2008 à 17 %, suite à la réforme de 2008 et à l’allongement de deux années du temps de service. L’objectif est de redescendre à 16 %, voire moins… "Avec des mesures d’aide au départ" et, pourquoi pas une prolongation du temps dans chaque grade, une diminution du recrutement des officiers et donc du nombre des élèves officiers dans les écoles.

Le ministre n’a pas retenu les "évolutions les plus radicales". Mais il prévient : "Si nous ne parvenions pas à atteindre les objectifs qui s’imposent à nous, je ne pourrais que revoir ces orientations".

Premier appontage réussi pour le X-47B

Un article de Quentin Michaud!

Le drone de l’US navy a apponté sur l’USS Georges H.W. Bush.
C’est une étape franchie vers davantage d’intégration des drones dans la guerre du futur. Pour la première fois dans l’Histoire, un drone X-47B a réalisé aujourd’hui un appontage sur le porte-avions Georges H.W. Bush. L’exercice s’est déroulé au large des côtes de Virginie.

Le drone a en réalité effectué deux appontages. Il avait décollé quelques dizaines de minutes avant de la base aéronavale de Patuxent River. L’engin avait déjà été catapulté depuis ce même porte-avions le 14 mai dernier.

Le responsable du programme le capitaine de vaisseau Jaime Engdahl a souligné que le X-47B « opère de façon autonome lors de son vol et lors de l’approche du navire, mais l’officier d’appontage a un contrôle numérique direct grâce à un bouton d’interruption en cas de problème ».

D’une envergure de 19 mètres et d’une longueur de 12 mètres, le X-47B n’en est pour l’instant qu’au stade du démonstrateur. Mais ses capacités d’action sont déjà certaines, notamment grâce à une capacité de vol jusqu’à 3900 kilomètres. Sa forme furtive lui assurera une certaine discrétion, comme c’est déjà le cas des drones fabriqués par Northrop Grumman pour l’US Air Force et l’US Navy. Affaire à suivre dans les années qui viennent.

Le MMP, futur missile de l’armée de Terre. (2ème partie)

Frédéric Lert

En 2011, la DGA attribue un contrat de levée de risques à MBDA afin de valider les principaux choix techniques du futur MMP. A commencer par l’autodirecteur du missile (fourni par le français Sagem, comme tout le reste de l’optronique du poste de tir) qui sera bimode, avec une caméra TV pour le mode « jour » et un capteur infrarouge non refroidi. Sur les capteurs infrarouges « classiques », une bonbonne de gaz doit être percutée avant le tir pour refroidir l’autodirecteur et lui donner ses performances. Problème, une fois la bonbonne percutée, le missile doit être tiré rapidement et s’il ne  l’est pas, il doit repasser en atelier pour recevoir une nouvelle cartouche de gaz.

Le MMP disposera également de deux modes de guidage : le mode « tire et oublie » (le missile est totalement autonome dès qu’il quitte le poste de tir), se doublera d’une capacité d’intervention du tireur en cours de vol. Cette possibilité de garder « l’homme dans la boucle » est jugée essentielle par l’armée de Terre. Le Milan, qui est entré dans la légende avec plus de 300.000 missiles construits, était filoguidé. MBDA dispose donc d’une très large expérience dans le domaine et a fait le choix d’une liaison de données par fibre optique, qui présente deux avantages : résistance élevée au brouillage et haut débit de transmission des données dans le sens tireur-missile pour le guidage et le contrôle du missile et missile-tireur pour faire « remonter » des images pendant le vol. Même en mode « tire et oublie », le tireur peut ainsi garder un œil sur la trajectoire du missile, avec la capacité de reprendre là main à tout instant pour affiner la trajectoire ou déplacer le point d’impact. Si en revanche le tireur est certain de ne pas avoir à intervenir, il peut commander la coupure du fil du guidage et recharger le poste de tir pendant que le premier missile est encore en vol. Outre son expérience du filoguidage avec le Milan, MBDA a également celle de la fibre optique avec le missile expérimental Pholyphème qui déroulait son fil sur plusieurs dizaines de kilomètres.

Ce mode de guidage évolué est un atout maitre que le missilier européen oppose volontiers aux capacités du Javelin qui ne dispose, dans sa forme actuelle, que d’une fonction « tire et oublie » Aucun doute toutefois que Raytheon s’adaptera au besoin français au travers d’une version modernisée de son missile dotée d’un double mode de guidage.

« Un système de guidage terminal de précision (Precision Terminal Guidance)  avec homme dans la boucle avait été proposé à l’US Army dans le cadre d’une modernisation du Javelin, en utilisant un guidage optique sans fil, comme ce qui se fait aujourd’hui sur le missile TOW » explique d’ailleurs un porte-parole de Raytheon. « Mais l’US Army a décidé de ne pas le retenir pour réduire la facture. Il ne faut pas oublier que faire intervenir un soldat dans le guidage du missile impose d’entrainer ce même soldat en lui faisant tirer régulièrement des missiles. Cela a un coût ! Avec un guidage « tire et oublie », un simple simulateur est suffisant pour l’entrainement. Maintenant, si l’armée française souhaite disposer des deux modes de guidage, nous pouvons répondre à sa demande. Le guidage optique a déjà été testé sur le Javelin et fonctionne ».

Raytheon précise donc que la fonction guidage « homme dans la boucle » existe déjà sur étagère et que son intégration pourrait être confiée à une entreprise française si le Javelin venait à être choisi. A l’opposé du choix technique de MBDA, le missilier américain affiche une certaine défiance vis à vis du guidage par fibre optique lorsque le missile est tiré depuis un véhicule et renouvelle sa confiance dans le guidage optique. « La voie IR du poste de tir permet de s’affranchir des mauvaises conditions météorologiques ou de la poussière pour le guidage optique » précise notre interlocteur.  Mais le client étant roi, l’industriel américain précise également rester ouvert à toutes les options…