Nouvelle synthèse de presse : " INFOS MILITAIRES ".

Kaboul impose une surtaxe au matériel militaire américain quittant l’Afghanistan par voie terrestre

Quand ce n’est pas le Pakistan qui interdit le passage de convois de l’armée américaine sur son territoire, ce sont les douanes afghanes qui exigent le paiement d’une surtaxe de 1.000 dollars sur chaque conteneurs qui sortent du pays, faute de pouvoir présenter des documents douaniers “valides” selon Kaboul. Du coup, les camions restent bloqués à la frontière et il est demandé à Washington de régler quelques 70 millions de dollars d’amende.

Cette information a été communiquée au Congrès américain par l’Inspection générale spéciale pour la reconstruction de l’Afghanistan (SIGAR), une mission chargée de contrôler les dépenses faites dans le pays qui a, par ailleurs, fait état de situations pour le moins abracadabrantes.

“Les forces américaines et la Force internationale d’assistance et de sécurité (ISAF) doivent passer en douane selon les lois de l’Afghanistan”, a expliqué Abdul Qadir Jelani, le porte-parole du ministère des finances afghan.

Le problème est que cette exigence de Kaboul complique les opérations de retrait en cours. Selon les plans du Pentagone, 32.000 militaires américains (sur 66.000) devront avoir quitté l’Afghanistan d’ici février prochain. Du coup, l’une des solutions est d’avoir recours au transport aérien, ce qui aura pour conséquence de faire augmenter la facture du désengagement. “Le coût est de cinq à sept fois plus élevé” par avion, a indiqué un responsable.

Déjà que les relations entre Kaboul et Washington ne sont pas au beau fixe et que la négociation d’un accord stratégique de sécurité entre les deux capitales font du sur place, au point que certains se demandent si il sera effectivement signé un jour, cette affaire de droits de douanes n’arrangera certainement pas la situation. Et cela d’autant plus que les Etats-Unis, mais aussi les pays membres de l’ISAF, ont déjà mis suffisamment la main au portefeuille – et ce n’est pas fini! – pour soutenir le gouvernement afghan.

Mais sans doute que l’on doit penser à Kaboul que les Américains ont les moyens de payer, surtout quand l’on voit les gaspillages mis en évidence par la SIGAR. Quelques exemples : construction d’un centre de commandement sophistiqué dans le Helmand qui ne sera jamais occupé par l’armée américaine (34 millions de dollars), d’un centre de réparation de véhicules blindés à Kandahar, actuellement utilisé de base de tri et qui ne servira plus à rien l’année prochaine (45 millions de dollars), d’un consulat dans le nord de l’Afghanistan dont le département d’Etat ne veut plus car trop vulnérable aux attaques (80 millions de dollars)…

La France va vendre deux satellites d’observation aux Emirats arabes unis

Tout vient à point à qui sait attendre. Le ministre de la Défense, Jean-Yves Le Drian, était revenu bredouille d’Abou Dhabi, la semaine passée, alors qu’il comptait bien conclure une négociation portant sur la livraison aux Emirats arabes unis de deux satellites d’observation de type Helios conçus Astrium et Thales Alenia Space.

A priori, la raison de cette déconvenue était qu’Abu Dhabi voulait réduire les délais de livraison des deux satellites. Une exigence qui cueillit alors à froid le ministre et la délégation française. D’où la question que l’on pouvait se poser : les Etats-Unis avaient-ils manoeuvré en coulisses pour imposer Lockheed-Martin, qui, ayant vu un contrat annulé par la National Geospatial-Intelligence Agency (NGA), une agence de Pentagone, cherchait un nouveau débouché pour ses satellites?

Finalement, il n’y avait rien de tout ça. Car selon La Tribune, qui suit ce dossier depuis des mois, il vient de produire un nouveau rebondissement, les Emirats étant désormais prêts à commander les deux satellites Helios auprès de leurs constructeurs, lesquels ont pour le coup été bien obligé de s’aligner sur l’offre américaine pour remporter le contrat.

“La France avait encore oublié que l’on n’impose pas un calendrier de signature aux Emiratis, qui n’aiment pas être mis sous la pression d’un Etat étranger dans une négociation” a expliqué au site d’informations économiques un “bon connaisseur du dossier.”

Quoi qu’il en soit, Jean-Yves Le Drian doit s’envoler à nouveau à destination des Emirats, le 22 juillet, afin de signer ce contrat de plus de 500 millions d’euros (certains sources parlent même de 700 millions), lequel est le plus important jamais conclu depuis le début du quinquennat de François Hollande.

La certification militaire de l’A400M recommandée

Tant que le nouvel avion de transport tactique A400M “Atlas” n’a pas obtenu son certificat militaire, il ne peut pas être livré aux forces aériennes qui l’attendent non sans impatience.

C’est la raison pour laquelle l’exemplaire de cet appareil qui a pris part au défilé aérien du 14 juillet dernier au-dessus des Champs Elysées n’était pas le MSN-7, celui destiné à l’armée de l’Air, mais un avion appartenant à Airbus Military.

Pour le moment, l’Atlas n’a décroché que la certification civile délivrée par l’Autorité européenne de sécurité aérienne (AESA), ce qui l’autorise à s’insérer dans le trafic aérien civil.

Mais l’appareil n’est pas loin d’obtenir sa certification militaire étant donné que le CQC (Certification and qualification committee) a émis une recommandation allant dans ce sens, le 19 juillet. D’après le ministère français de la Défense, cela permettra à la Direction générale de l’armement (DGA) “d’établir un certificat de type militaire” dans les “prochains jours.”

Le CQC, composé d’experts et de représentants de chaque pays clients, est chargé de verifier le respect des exigences de sécurité militaire ainsi que les performances de la l’A400M, via 15 groupes de travail ayant chacun une spécialité définie (avionique, facteurs humains, guerre électronique, etc…).

“La qualification militaire (…) sera prononcée par l’Organisation conjointe de coopération en matière d’armement (OCCAR), avec l’aval de tous les pays partenaires, et les opérations de réception du premier appareil de série réalisées par la DGA”, a encore précisé le ministère de la Défense.

Ces ruptures capacitaires qui guettent les forces françaises

La dernière Loi de Programmation Militaire (2009-2014) aura été ambitieuse. Inspirée d’un Livre blanc sur la Défense et la Sécurité nationale  (LBDSN) publié un an avant son adoption par le Parlement, elle prévoyait un maintien du bugdet de la défense en volume (c’est à dire prenant en compte la hausse des prix), puis une progression, à partir de 2012, de 1% en plus de l’inflation. Le tout avec l’apport de recettes exceptionnelles. En outre, les économies réalisées avec la suppression de 54.000 postes et les efforts de rationalisation auraient dû lui être reversées.

Seulement, cette trajectoire financière n’a pas pu être respectée, avec un décrochage constaté en 2011. Et cela pour plusieurs raisons. La crise financière de 2008 et celle de la dette y sont pour beaucoup. La difficulté de maîtriser la masse salariale du ministère de la Défense également, comme le caractère aléatoire des recettes exceptionnelles ou encore l’invalidation d’hypothèses budgétaires, telle que l’exportation du Rafale. Toutes ces éléments sont très bien expliqués dans la revue capacitaire des armées faite par les députés Yves Fromion et Gwendal Rouillard dans un rapport diffusé par la commission de la Défense de l’Assemblée nationale.

Le problème est que le non respect de la trajectoire financière de la dernière LPM rend plus compliqué l’élaboration de la prochaine, qui couvrira la période 2014-2019. Et cette dernière devra prendre en compte des paramètres importants, faute de quoi, les forces armées risquent de connaître des ruptures capacitaires, pour certaines graves.

Pour l’armée de l’Air, et compte tenu du fait qu’il devrait être prévu “un ralentissement de la modernisation de l’aviation de chasse” (en clair, réduire la cadence des livraions de Rafale),  il est ainsi impératif de mettre en service, dès 2018, les Mirage 2000D “rénovés”, de prolonger la vie opérationnelle des Mirage 2000-5 au-delà de 2021, et de remplacer les Alphajet ainsi que les TB-30 Epsilon.

Quant aux capacités de transport tactique, les deux députés soulignent qu’elles “sont déjà déficitaires et le resteront jusqu’à un horizon 2030.” Aussi, expliquent-ils, le ” calendrier ralenti de montée en puissance de l’A400M repose sur la prolongation de 14 C160, mesure compensatoire absolument indispensable pour maintenir les compétences des équipages et garantir la transition sur "Atlas".

Enfin, l’autre dossier prioritaire qui ne peut souffrir d’aucun retard est celui des avions ravitailleurs. “Le ralentissement de la montée en puissance du MRTT s’appuie sur les prolongations, d’une part des Airbus A310 et A340, d’autre part des flottes de ravitailleurs KC135 et C135. Cependant, l’âge et la fragilité des ravitailleurs font peser un risque très important de rupture capacitaire en cas d’aléas techniques graves. Cette rupture pèserait sur l’aptitude à opérer en OPEX, sur la protection de l’espace aérien français et sur la tenue de la posture de dissuasion”, font valoir les deux parlementaires.

Pour la Marine nationale, les risques de rupture capacitaire sont connus depuis longtemps. “L’ensemble de la composante ‘patrouilleurs’ connaîtra une aggravation supplémentaire de la situation – déjà considérée comme préoccupante, si les premières livraisons de BATSIMAR ne sont pas programmées dans la LPM”, préviennent les rapporteurs.

En outre, ajoutent-ils, “outre-mer, le retrait des derniers patrouilleurs P400 prolongés en 2020 rendra la situation critique. Ainsi, l’acquisition de patrouilleurs légers pour la Guyane (PLG) et de bâtiments multi-missions (B2M) devient impérative pour atténuer la réduction capacitaire.” Même chose pour la métropole, où “est envisagé de prolonger l’activité des certains avisos, convertis en patrouilleurs de haute mer, jusqu’à 40 ans.” Mais cette solution “est très sensible aux aléas techniques inhérents à des flottes aussi âgées” et “elle ne permettra pas de combler totalement le déficit de moyens qui sera très délicat autour de 2025.”

D’autres ruptures menacent les marins, notamment en matière de surveillance  aérienne maritime (AVSIMAR), la guerre des mines, où les matériels deviennent vite obsolètes ainsi que le ravitaillement et la logistique, avec le remplacement inévitable des pétroliers ravitailleurs. Sinon, “un risque de limitation capacitaire existe dans les années 2020.”

Enfin, le plus délicat concerne l’armée de Terre. Là, l’inquiétude porte surtout sur d’éventuels retard du programme structurant Scorpion, dans le cadre duquel plusieurs types de blindés doivent être remplacés. Il existre ainsi un risque d’une rupture capacitaire en matière de combat embarqué et débarqué médian si jamais les VBMR (véhicules blindés multi-rôles) tardent à remplacer les bons vieux VAB. “Tout retard du programme accentuera rapidement la réduction de capacité”, est-il écrit dans le rapport.

Même chose pour l’Engin blindé de reconnaissance et de combat (EBRC), le successeur des chars légers AMX-10RC et des ERC-90 Sagaie. “De la même façon, pour un contrat opérationnel nécessitant 300 véhicules, la décroissance rapide des parcs ERC 90 et des VAB HOT totalement obsolètes en 2020 et celle progressive des AMX 10 RCR créent un risque important de rupture capacitaire en 2020 au regard d’une opération EBRC qui ne doit souffrir d’aucun retard”, préviennent les députés, qui évoquent également des risques concernant l’aéromobilité et l’appui-feu.

Par ailleurs, un autre programme n’est pratiquement jamais évoqué et pourtant, il est aussi d’une très grande importance : la rénovation à mi-vie de la moitié des 1.600 Véhicules Blindés Légers (VBL), indispensables pour les régiment de l’arme blindée cavalerie et leurs escadrons d’éclairage et d’investigation ou encore les unités d’aide à l’engagement.

Cette dernière, prévue pour 2014, a sans cesse été reportée et l’on ignore quand elle pourra se faire. “La livraison du véhicule blindé d’aide à l’engagement (VBAE), envisagée à partir de 2030 au lieu de 2025, nécessitera de prolonger la durée de vie du véhicule blindé léger, perspective qui n’a pas été intégrée en construction budgétaire à ce stade”, a pourtant indiqué le général Ract-Madoux, le chef d’état-major de l’armée de Terre (CEMAT), lors d’une audition au Sénat, en juin dernier.

Dernier “macaronnage” d’élèves pilotes belges à l’Ecole de l’Aviation de Chasse de Tours

Le dernier “macaronnage” d’élèves pilotes belges a eu lieu le 18 juillet, au cours d’une cérémonie organisée tous les ans sur la base aérienne 705 de Tours, où est implantée l’Ecole de l’Aviation de Chasse (EAC).

Au total, ce sont donc 5 adjudants belges qui ont reçu leur brevet de pilote avant leur départ, comme leurs camarades français, pour l’Ecole de transition opérationnelle (ETO) de Cazaux, où ils poursuivront leur formation avec des Alphajet frappé de la cocarde représentant leur pays.

Depuis 2004 et la création de l’AJeTS (advanced jet training school), une cinquantaine d’élèves pilotes de chasse belges ont été formés à Tours, où les cours qui leur furent dispensés correspondaient à la phase III de leur cursus.

Seulement, et comme il est expliqué sur le site Internet de la BA 705, “l’entrée des stagiaires belges en phase III était difficile car l’élève pilote français, qui quitte Cognac, a réalisé un nombre plus important d’heures de vol que son homologue belge et cette différence de compétence au niveau des stagiaires qui arrivent à Tours ne pouvaient pas être comblée.” D’où des modifications décidées par la Défense belge pour la formation de ses pilotes de combat.

Ainsi, leur cursus commencera, comme c’est le cas actuellement, par une formation initiale sur Siai Marchetti SF-260 à Bauvechain. Ensuite, au lieu de rejoindre Tours comme l’ont fait leur prédécesseurs, les futurs pilotes belges iront directement à Cazaux, avant de prendre la direction – si tout se passe bien – de la base de  Kleine-Brogel (Limbourg, Belgique) où leur transformation opérationnelle sur avion de combat F-16 sera assurée au sein du 10e Wing.

Nautic Africa vend 7 patrouilleurs de 35 m et reprend une mission de service publique en Afrique du sud

Nautic Africa, un jeune chantier naval du Cap né de KND Projects, vient d'annoncer la vente, à un pays d'Afrique de l'Ouest (peut-être le Nigeria), de 7 patrouilleurs de 35 m. Un contrat d'une valeur de plus de 60 millions d'euros.

Nautic Africa a également annoncé qu'il allait réarmer et gérer la petite flotte de patrouilleurs du ministère de l'Agriculture, de la Forêt et de la Pêche dont les navires rouillaient gentiment depuis un an. Cette flotte d'abord confiée à Sekunjalo et son associé KND Naval Design (à qui DCNS s'était allié dans le projet Biro pour fournir des OPV à la marine sud-africaine) avait ensuite été confiée à la SAN (la marine sud-africaine).

L'Etat sud-africain a donc externalisé à Nautic Africa la gestion de cette petite flotte; l'entreprise fournira des équipages, gérera la maintenance et le MCO des navires etc.

Le BPC Vladivostok a fait une sortie en Loire vendredi

Selon mes camarades du Marin, le BPC russe Vladivostok en cours de construction, pour sa partie avant, au chantier naval nazairien STX, est dans l’attente de la partie arrière. Partie voici quelques semaines d’un chantier russe, elle doit arriver à Saint-Nazaire, mardi 23 ou mercredi 24 juillet. Vendredi 19 juillet, dans l’après-midi, la partie avant du BPC russe est sortie dans la Loire, escortée par quatre remorqueurs, pour effectuer une manœuvre de retournement. Désormais, la proue du BPC pointe vers l’intérieur des terres, ce qui va permettre à l’autre partie de se positionner juste derrière afin de faciliter la jonction des deux. Le navire doit être livré au dernier trimestre 2014.

L’US Navy lance un deuxième satellite MUOS

Un article de Quentin Michaud!

Le satellite a été lancé avec succès hier de Cap Canaveral.

MUOS pour Mobile User Objective System. Il s’agit du lancement du deuxième satellite d’une constellation de quatre systèmes fabriqués par Lockheed Martin. Destinés pour usage à l’US Navy, ces satellites de nouvelle génération doivent offrir une meilleure surveillance depuis l’espace.

Parmi les nouvelles technologies fabriquées par le constructeur américain, on trouve notamment un nouveau système d’écoute des communications haute fréquence utilisant le nouveau Wideband Code Division Multiple Access (WCDMA). Il servira également de relais pour faire transiter les flux photos et vidéos envoyés depuis un théâtre d’opération vers le Pentagone.

Le système va être testé sous toutes ses coutures au cours des prochains jours avant d’entrer dans sa phase opérationnelle. Même si la mise en service a glissé de deux ans par rapport au planning initialement établi, le montant du programme s’élève à 3,3 milliards de dollars.

Le conflit syrien est la guerre d'Espagne du XXIème siècle

Un pays profondément divisé qui plonge dans la guerre civile ; l'un des camps qui se déchire de façon sangante ; une implication internationale extrêmement inégale...

Les faits - Depuis une semaine, des affrontements armés se déroulent au sein de l'opposition syrienne entre les radicaux liés à Al-Qaïda et l'Armée libre, soutenue par l'Occident. Une situation qui rappelle les déchirements du camp républicain en Espagne, comme l'attitude de la communauté internationale, partagée entre l'attentisme des uns et l'activisme des autres.

Un pro-Assad assassiné au Liban

Mohammed Darra Jamo, un commentateur défendant le régime de Bachar al Assad dans différents médias arabes, a été assassiné par balles, par des hommes soupçonnés d'appartenir à la rébellion syrienne. L'attentat a eu lieu dans la nuit de mardi à mercredi, devant son domicile dans le sud du Liban. Ce Syrien d'origine kurde était installé au Liban depuis une vingtaine d'année. Sa mort fait suite à des attaques contre le Hezbollah, qui soutient Assad.

George Orwell ne serait pas dépaysé en Syrie ces jours-ci. Engagé dans les rangs républicains, l'écrivain anglais avait assisté, en mai 1937, aux affrontements meurtriers de Barcelone (1) qui opposèrent anarchistes et gauchistes aux communistes - toutes forces en théorie unies contre les nationalistes du général Francisco Franco. La même situation est en train de se reproduire en Syrie où, depuis une semaine, les djihadistes liés à Al-Qaïda combattent l'Armée syrienne libre (ASL) dans les zones «libérées»... Le 11 juillet, Kamel Hamami, l'un des chefs de l'ASL, a été assassiné, alors que d'autres affrontements ont eu lieu le weekend dernier dans le nord du pays. S'ils combattent tous les forces fidèles au président Bachar el-Assad, les djihadistes et la coalition nationale syrienne n'ont pas le même objectif : les premiers veulent instaurer un Etat islamiste sunnite, les autres un régime plus démocratique.

Karl Marx avait donc tort. «Tous les grands événements historiques se répètent pour ainsi dire deux fois», écrivait-il. «La première fois comme tragédie, la seconde fois comme farce». Il péchait par optimisme, car il arrive que la seconde soit tout aussi tragique que la première. La Syrie en fournit un parfait exemple, si on la compare, comme le font de plus en plus de commentateurs américains, à la guerre d'Espagne (1936-39). Comparaison n'est sans doute pas raison, mais ces deux conflits ne manquent pas de traits communs : un soulèvement qui échoue, plongeant un pays déjà profondément divisé dans la guerre civile ; l'un des deux camps qui finit par se déchirer jusqu'à s'affronter les armes à la main, et, surtout, une implication internationale extrêmement inégale, où la non-intervention des uns répond à l'engagement militaire des autres.

1) Un soulèvement échoue. En juillet 1936, ce n'est pas le coup d'Etat militaire contre la République espagnole qui plonge le pays dans la guerre civile, mais son échec. De nombreuses régions, des pans entiers de l'armée et de l'appareil d'Etat refusent le fait accompli du général Franco. Le pays s'enfonce dans 35 mois de conflit, provoquant la mort de plusieurs centaines de milliers de personnes. En Syrie, l'échec du soulèvement démocratique et pacifique en mars 2011, version locale du printemps arabe, précipite le pays dans la guerre. La volonté délibérée du pouvoir de jouer la politique du pire et l'incapacité de l'opposition à s'unir expliquent cet emballement. Résultat : la guerre fait rage depuis 28 mois et l'on compte déjà près de 100.000 morts, alors que rien ne laisse espérer une issue.

2) Un pays éclate. L'Espagne des années 30 était un pays très polarisé, dans laquelle les modérés de chaque camp étaient pris en otage par les plus radicaux. Aux divisions politiques, s'ajoutaient des haines religieuses, entre cléricaux et anticléricaux, de forts particularismes régionaux (Basques, Catalans, etc) et un contexte de violence sociale. Tous les ingrédients de l'explosion étaient là, comme ils l'étaient en Syrie, mosaïque de communautés ethnico-religieuses à l'équilibre instable, où chacun a peur de l'autre. Rien à voir avec la Tunisie, très homogène culturellement, ou avec cette vieille nation dotée d'une tradition étatique ancestrale qu'est l'Egypte. La Syrie ressemble plus à l'Irak, au Liban ou à l'Afghanistan. Ce n'était pas forcément bon signe. Au delà de l'affrontement majeur entre deux camps, des divergences profondes existent à l'intérieur de chacun d'entre eux. On les avait vues à l'oeuvre chez les républicains espagnols, on les voit désormais dans l'opposition syrienne. En face, Franco comme Assad tiennent les leurs d'une main de fer.

3) Le monde se divise. L'Italie de Mussolini et l'Allemagne de Hitler volèrent très tôt au secours de Franco, non seulement en l'armant mais en lui fournissant des troupes, comme la Légion Condor de la Luftwaffe. En Syrie, l'Iran et ses alliés chiites libanais du Hezbollah font de même, alors que la Russie fournit des armes et un soutien diplomatique en bloquant les condamnations à l'ONU.

En face, même parallèle : les Républicains furent également massivement soutenus par l'Union soviétique et l'Internationale communiste, comme l'opposition syrienne l'est aujourd'hui par le Qatar, l'Arabie saoudite et les mouvements islamistes. Aux Brigades internationales d'alors correspondent les combattants musulmans du monde entier qui vont faire le djihad contre le régime impie d'Assad. Reste l'attitude timorée des Occidentaux. Au refus d'intervenir de la Grande-Bretagne contre Franco répond celui d'Obama d'engager sérieusement les Etats-Unis dans le bourbier syrien. Quant à l'attitude de la France, celle de François Hollande ressemble à celle de Léon Blum : on aimerait bien faire quelque chose pour soutenir nos amis, mais sans aller trop loin, pour ne pas jouer cavalier seul, sans notre grand allié, Londres hier, Washington aujourd'hui. Ce n'est pas non plus forcément rassurant sur l'issue de la guerre.

(1) Lire son «Hommage à la Catalogne», en poche 10/18.

Mali : Le chef de Serval ne parle pas de victoire mais d’une “dynamique de succès militaires répétés”

Le général Grégoire de Saint-Quentin va bientôt prendre les rênes du Commmandement des opérations spéciales (COS), après avoir dirigé l’opération Serval. Mais avant de rejoindre sa nouvelle affectation, l’officier a donné des précisions concernant la situation au Mali lors d’un entretien accordé au Journal du Dimanche, alors que des tensions persistent à Kidal, bastion de la rébellion touareg, à quelques jours du premier tour de l’élection présidentielle malienne.

Ainsi, 4 agents électoraux et un élu ont été enlevés, le 20 juillet, par des hommes armés à Tessalit, dans la région de Kidal, ville où la veille, des violences entre Touareg et des jeunes de la communauté Songhaï ont fait 4 tués et plusieurs blessés.

Aussi, et même si les groupes jihadistes qui avaient pris le contrôle du Nord-Mali en 2012 en ont été chassés par les forces françaises engagées dans l’opération Serval et les troupes tchadiennes, le général de Saint-Quentin refuse de crier victoire.

“Nous visons un objectif ultime, qui est la stabilisation du pays. Le Mali est-il aujourd’hui complètement stabilisé? La réponse est non. Nous ne pouvons pas parler de victoire militaire au sens où vous évoqueriez celle de 1945 sur l’Allemagne”, a-t-il affirmé. Cependant, il conviendrait plutôt de parler, pour le futur patron des forces spéciales, de “dynamique de succès militaires répétés” que “beaucoup, a-t-il ajouté, auraient estimés inespérés il y a six mois.”

Et cette “dynamique de succès” contre un ennemi ayant une “extrême faculté à se fondre” dans le désert ainsi qu’une facilité à “y vivre et s’y déplacer” a permis de démanteler ce que le général de Saint-Quentin appelle une “industrie du terrorisme”.

“Nous avons avons ciblé en priorité les sanctuaires des terroristes” et “nous  y avons trouvé toute une organisation, avec des stocks de carburant et de munitions considérables, des ateliers de réparation automobile, de fabrication d’engins explosifs, de vestes pour kamikazes et une grande quantité d’information sur leurs activités et leurs projets”, a-t-il expliqué.

“La mission de Serval, de la Minusma (Mission multidimensionnelle intégrée des Nations Unies pour la Stabilisation au Mali, ndlr) et des forces de défense et de sécurité maliennes consiste à empêcher la renaissance de cette industrie du terrorisme. S’ils veulent se reconstituer un sanctuaire, nos adversaires devront faire plus qu’errer dans le désert”, a-t-il estimé.

Quant à savoir si le calendrier de retrait des forces françaises sera respecté, le général de Saint-Quentin a rappelé qu’il avait “été fixé par le président de la République”, soit  3.200 hommes durant la période électorale, puis une réduction progressive et coordonnée à partir de la rentrée pour finalement atteindre environ 1.000 hommes en fin d’année” qui appuieront la MINUSMA. “Un arrangement technique vient d’être signé avec l’ONU. Notre liberté d’action reste entière puisque nos troupes resteront sous mandat français”, a-t-il indiqué.

Un TELD du CPA20 breveté en Grande-Bretagne

Jean-Marc Tanguy

Il est très sélectif (44% de succès seulement sur la dernière session) : le "sniper course" du RAF Regiment
qui s'est achevé vendredi a vu pour la première fois la qualification d'un Français.
Il s'agit d'un caporal-chef, tireur d'élite longue distance (TELD) au CPA 20 qui il est vrai avait pu effectuer quelques exercices pratiques auparavant. Il avait effectivement enquillé ce stage qualifiant fin avril, au retour de son engagement au Mali, où il était déployé depuis début janvier, au sein d'une équipe de ciblage.
Outre son niveau de tir, ce caporal-chef avait été choisi du fait de son très bon niveau en anglais.
Le CPA 20 et le 2 Squadron du RAF Regiment sont jumelés depuis 2011. L'ancien chef ops du CPA 20 est d'ailleurs en échange au RAF Regiment, avec lequel il s'est déployé au Mali, le 14 janvier.

Le Pentagone va recruter 4000 cyber-spécialistes

Un article de Quentin Michaud

L’US Cyber Command et la NSA vont lancer un nouveau plan de recrutement.

C’est au cours d’un forum sur la sécurité que le secrétaire d’Etat adjoint à la Défense Ashton Carter a déclaré que le Department of Defense compte recruter 4000 nouveaux spécialistes informatiques pour soutenir l’action des Etats-Unis dans leurs cyber-opérations à la fois défensives et offensives.

Le n°2 du DoD a commenté que ce plan devait entrer en vigueur rapidement, sans définir de calendrier précis. Il a souligné que « le Pentagone est prêt à dépenser en toute intelligence tout le budget nécessaire à l’accomplissement de ce type de missions », malgré la période de contrainte budgétaire subie. Un signal fort envoyé en pleine affaire Snowden où les plus naïfs croient que les Etats amis ne s’espionnent pas entre eux (Lire notre article « Ce que m’ont dit les agents de la NSA »).

Les nouvelles recrues seront affectés au sein de l’US Cyber Command et de la NSA, agence spécialisée dans les cyber-actions clandestines à travers le monde entier. Au total, 40 cyber-équipes devront être ainsi créées dont 13 dédiées à la mise au point de nouveaux outils et 27 à la défense des structures informatiques américaines.